frontière

frontière [ frɔ̃tjɛr ] n. f.

• XV^e; « front d'armée » 1213; de front

1 ♦ Limite d'un territoire qui en détermine l'étendue. ⇒ borne, lisière. Dans nos frontières. Au-delà des frontières. — Par ext. Limite séparant deux États. ⇒ démarcation. Parties d'un territoire avoisinant la frontière. ⇒ confins. Frontières naturelles, constituées par un obstacle géographique. Le Rhin, frontière naturelle entre la France et l'Allemagne. — Frontière artificielle, conventionnelle : ligne idéale, au tracé arbitraire, généralement jalonnée par des signes conventionnels (bornes, barrières, poteaux, bouées). Poste de police, de douane installé à la frontière. Passer, franchir la frontière. Il a été arrêté à la frontière. — Défendre, protéger ses frontières contre l'ennemi. — Incident de frontière. — Sans frontières : international. Médecins sans frontières. — Appos. ou adj. inv. ⇒ frontalier, limitrophe. Région, zone frontière. ⇒ no man's land. Ville frontière. Poste(-)frontière. ⇒ 3. poste. Province frontière. ⇒ 1. marche.

♢ Par ext. Frontières linguistiques, délimitant des aires linguistiques (⇒ isoglosse) .

♢ Math. L'ensemble des éléments délimitant un domaine (cf. Ensemble fermé).

2 ♦ Fig. Limite, séparation. Reculer les frontières du savoir. Être à la frontière de. ⇒ confiner, friser, frôler. Aux frontières de la vie et de la mort. « rêver de choses qui sont à la frontière du possible et de l'impossible » (Martin du Gard).

⊗ CONTR. Centre, intérieur , milieu.

● frontière nom féminin (de front) Limite du territoire d'un État et de l'exercice de la compétence territoriale. Limite séparant deux zones, deux régions caractérisées par des phénomènes physiques ou humains différents : Frontière entre le quartier blanc et le quartier noir. Délimitation, limite entre deux choses différentes : Quelle est la frontière entre l'autorité et l'autoritarisme ? S'emploie en apposition pour indiquer que quelque chose est situé à la frontière : Les villes frontières. Linguistique Synonyme de joncture. Mathématiques Ensemble des points frontières d'un ensemble A, noté parfois A ou Fr(A). ● frontière (difficultés) nom féminin (de front) Orthographe Sans trait d'union : borne frontière, ville frontière, zone frontière. - Plur. : des bornes frontières, des villes frontières, des zones frontières. ● frontière (expressions) nom féminin (de front) Reculer les frontières de, agrandir le territoire (d'un État) ; élargir le domaine, le champ de quelque chose. Frontière naturelle, frontière constituée par un obstacle géographique, cours d'eau ou montagne essentiellement. Frontière linguistique, ligne idéale figurant le passage d'un dialecte à un autre dialecte, d'une langue à une autre langue. Point frontière de A, point tel que tous ses voisinages ont une intersection non vide aussi bien avec A qu'avec son complémentaire. ● frontière (synonymes) nom féminin (de front) Limite séparant deux zones, deux régions caractérisées par des phénomènes...

Synonymes :

- confins

- délimitation

- démarcation

Délimitation, limite entre deux choses différentes

Synonymes :

- bornes

- limites

Synonymes :

- Linguistique. joncture

frontière

n. f.

d1./d Limite séparant deux états. Frontière naturelle, tracée par un obstacle géographique (fleuve, montagne, etc.).

|| (En appos.) Poste, ville frontière.

— Par ext. Les frontières linguistiques.

d2./d Fig. Limite, borne. Faire reculer les frontières du savoir.

⇒FRONTIÈRE, subst. fém.

A.— Limite qui, naturellement, détermine l'étendue d'un territoire ou qui, par convention, sépare deux États :

• 1. Le patriotisme, au sens que confèrent à ce mot les peuples qui ont toujours été menacés sur leurs frontières, est un sentiment que l'Angleterre ne connaît pas et que l'orgueil national remplace mal.

THARAUD, Dingley, 1906, p. 62.

Rem. L'examen des syntagmes les plus fréquents fait apparaître un souci de précision a) géogr. : frontière du Nord, du Sud, septentrionale; b) hist. : frontière antérieure, postérieure; c) mais surtout d'ordre milit. et pol. : reconduire à la frontière; violer, défendre, franchir une frontière; tracé, défense de la frontière, incident de frontière; l'autre côté de la frontière; au-delà, par-dessus la frontière.

♦ En appos. avec valeur d'adj. Zone, poste, ville frontière. La faiblesse de nos effectifs en face de la couverture allemande et la trop grande largeur de nos secteurs de nos 3 corps d'armée frontière (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 175) :

• 2. ... Bonaparte, cédant à l'inspiration du génie, inspiration qui lui fut néanmoins funeste, se retire afin de se porter sur le derrière des troupes confédérées, les séparer de leurs magasins et grossir son armée des garnisons des places frontières.

CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 487.

— P. ext.

♦ Frontière d'une région géographique, linguistique. Dans cet automne je suivais, instruit par le savant M. Pfister, la frontière linguistique (BARRÈS, Serv. All., 1905, p. 6) :

• 3. Bond Street est la frontière de Mayfair. On y trouve les mêmes bijoutiers, les mêmes bottiers et les mêmes antiquaires que rue de la Paix, mais aussi quelques boutiques essentiellement londoniennes...

MORAND, Londres, 1933, p. 179.

♦ Toute espèce de barrage, défense, obstacle que l'on peut ou doit franchir :

• 4. De la chambre, je retrouvais toutes les frontières de ma jeunesse, la route que je ne pus franchir qu'à huit ans, le ruisseau qu'on me défendit de passer jusqu'à douze, la lisière de la forêt où je ne pus me perdre qu'à partir de quinze ans, et l'on devinait plus loin, comme les cercles d'un tronc d'arbre, toutes les autres frontières rondes, qui chaque année s'ajoutent...

GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 210.

B.— Au fig. Limite, point de séparation entre deux choses différentes ou opposées. Aujourd'hui, et pour tout le temps qui va venir, ma liberté n'a plus de frontières (CAMUS, Caligula, 1944, I, 9, p. 24). Les plus infortunés établissent leur bilan aux environs de zéro : ce sont les déments des asiles. Asthéniques et déprimés (...) forment une classe nombreuse aux frontières incertaines (MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 274) :

• 5. Chez les romantiques les plus spontanés, un Tieck ou un Brentano, la frontière entre le « dehors » et le « dedans » s'efface si bien que l'on ne sait plus si leurs personnages se cherchent eux-mêmes à travers les spectacles et les aventures, ou si, à travers leurs états d'âme, au hasard des jeux de la pensée et du langage, ils sont en quête de quelque trésor entrevu.

BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 397.

♦ Génie sans frontières : Victor Hugo (...) c'est un génie sans frontières (BAUDEL., Art romant., 1867, p. 523).

♦ Loc. prépos. À la frontière de, aux frontières de : à la limite de. Ces propos que je prête à un cadet imaginaire nous aident à délimiter la place de Henry James aux frontières de deux époques (MAURIAC, Mém. intér., 1959, p. 239).

Prononc. et Orth. :[]. Enq. : //. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1213 « front d'une armée » (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre, 120, 19); 2. 1292, oct. « place fortifiée faisant face à l'ennemi » (Arch. B. du Rhône, 56 H 4055 Statuts S. Jean Jérusalem); 3. fin XIV^e s. « limite bordant un territoire » (E. DESCHAMPS, III, 81, 6 ds T.-L.); id. (B. LATIN, Trésor, éd. P. Chabaille, p. 626, interpolation ms D²). Dér. de front; suff. -ière; 3 paraît être plutôt issu de pays de frontiere « partie d'un pays limitrophe d'un autre » (1405 ds GDF. Compl.) que né de la substantivation de [place, ville] frontière, fém. du m. fr. frontier « limitrophe » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, I, IX, t. 1, p. 68 : plusieurs autres pays frontiers) qui serait lui-même issu de pays de frontiere. Fréq. abs. littér. :2 091. Fréq. rel. littér. :XIX^e s. : a) 2 352, b) 1 778; XX^e s. : a) 2 000, b) 4 730. Bbg. PERSSON (B.). Ét. sur la concurrence entre les groupes du type les côtes de France-les côtes de la France... Uppsala, 1974, 292 p.

frontière [fʀɔ̃tjɛʀ] n. f.

ÉTYM. Fin XVI^e; « front d'armée », 1213; « place forte », 1292; moy. franç. frontier (d'où place, ville frontière); le sens mod. vient probablt de pays de frontière (gardé par une armée, une place faisant front à l'ennemi).

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1 Limite d'un territoire qui en détermine l'étendue. ⇒ Borne et aussi bordure, lisière. || La Grande-Bretagne a de toutes parts la mer pour frontière. || L'Atlantique, frontière occidentale de la France. || Frontières d'un État (cit. 109). || Dans nos frontières : dans notre pays (→ Avion, cit. 1). || Peuple à l'étroit dans ses frontières (→ Expansion, cit. 4 et 5). ⇒ Espace (vital).

♦ (V. 1360). Limite séparant deux États. ⇒ Démarcation (cit. 2). || La frontière franco-belge. || Parties d'un territoire avoisinant la frontière. ⇒ Confins; frontalier, limitrophe. || Frontières naturelles, constituées par un obstacle géographique, chaîne de montagnes (dans ce cas, la frontière passe par la ligne de faîte), fleuve (la frontière suit alors le thalweg), etc. || Le Rhin, frontière naturelle entre la France et l'Allemagne. — Frontière artificielle, conventionnelle : ligne idéale au tracé arbitraire généralement jalonnée par des signes conventionnels (bornes, barrières, poteaux, bouées). || Frontière politique (→ Ethnie, cit. 1). || Frontières suivant un méridien, un parallèle; une route. || Détermination, délimitation, fixation d'une frontière par une convention, un traité, un protocole. — Passer, franchir une frontière (→ Débarquer, cit. 1). || Au-delà de la frontière, passé la frontière. || Poste de police, poste de douane installé à la frontière. || Contrôle de frontière. || Industrie nationale qui se développe à l'abri de ses frontières. || Frontière fermée, interdite. || Frontière ouverte. || Formalités de frontière. || Policiers, douaniers qui surveillent la frontière (⇒ Garde-frontière). || Incident de frontière. — Défendre, protéger ses frontières contre l'ennemi (→ Campement, cit. 2; fléau, cit. 5). || Ennemi arrêté aux frontières (→ Paix, cit. 9). || Frontière bien, mal défendue; frontière exposée (→ Exposer, cit. 20). || Troupes massées à la frontière. ⇒ Couverture (troupes de). → Division, cit. 5. || Bataillon échelonné (cit. 2) le long d'une frontière. || Reculer les frontières d'un pays, l'agrandir. || Violer les frontières d'un pays neutre. || Les frontières n'arrêtent pas la diffusion des idées. || La vérité n'a pas de frontières. || L'abolition des frontières. — Sans frontières : international.

1 Et pourquoi nous haïr et mettre entre les races

Ces bornes ou ces eaux qu'abhorre l'œil de Dieu ?

De frontières au ciel voyons-nous quelques traces ?

Sa voûte est-elle un mur, une borne, un milieu ?

Lamartine, Poésies diverses, Marseillaise de la Paix.

2 — Sans doute les douaniers ont votre signalement, lui dit l'envoyé de sa tante, et si nous suivons la grande route, à la frontière du royaume lombardo-vénitien, vous serez arrêté.

Stendhal, la Chartreuse de Parme, V.

3 La division même du territoire habitable en nations politiquement définies est purement empirique. Elle est historiquement explicable : elle ne l'est pas organiquement, car la ligne tracée sur la carte et sur le sol qui constitue une frontière résulte d'une suite d'accidents consacrés par des traités. Dans bien des cas, cette ligne fermée est bizarrement dessinée; elle sépare des contrées qui se ressemblent, elle en réunit qui diffèrent grandement; et elle introduit dans les relations humaines des difficultés et des complications dont la guerre qui en résulte n'est jamais une solution, mais au contraire un nouvel ensemencement.

Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 108.

4 Cette politique, nous la connaissons : c'était celle que le Comité de Salut public, enivré par les victoires de la République, avait léguée au premier Directoire : la guerre de conquête en Europe, et, après l'acquisition des frontières naturelles — proclamées, pour plus de sûreté, « limites constitutionnelles » — la fondation, hors de ces limites des États inféodés, barrière dressée de la Mer du Nord à la Méditerranée entre l'Europe hostile et la nouvelle Gaule.

Louis Madelin, Talleyrand, VII.

♦ Appos. ou adj. invar. ⇒ Frontalier, limitrophe. || Département, région, zone; poste, ville frontière. || Poteau frontière. || Province frontière. ⇒ Marche.

♦ (1770). Par ext. || Frontières d'une région géographique. || Frontières linguistiques, des langues, dialectes, patois. || Les isoglosses permettent de déterminer les frontières linguistiques. || La frontière linguistique en Belgique.

5 (L'Angleterre) est située exactement en face de la frontière qui sépare les langues romanes des langues germaniques (…)

A. Maurois, Hist. d'Angleterre, p. 12.

♦ Fig. ⇒ Démarcation (cit. 1). — Barrage, obstacle.

2 (1700). Fig. Limite; ligne ou zone séparant des domaines abstraits ou concrets. ⇒ Borne, confins, délimitation, démarcation, limite, séparation (→ Bien-être, cit. 6; degré, cit. 24; édicter, cit. 1). || Frontière de deux classes (→ Frange, cit. 7). || Les frontières de la raison, de la foi. || Reculer les frontières du possible. || Problème situé aux frontières de la biologie et de la chimie. — À la frontière, aux frontières de… || Être à la frontière de. ⇒ Confiner (cit. 3), friser, frôler. || Aux frontières, à la frontière de la vie et de la mort.

6 Ce ne sont plus des mers, des degrés, des rivières,

Qui bornent l'héritage entre l'humanité :

Les bornes des esprits sont leurs seules frontières (…)

Lamartine, Poésies diverses, « Marseillaise de la Paix ».

7 L'homme est une frontière. Être double, il marque la limite de deux mondes.

Hugo, Post-Scriptum de ma vie, De la vie et de la mort.

8 Il a passé sa vie à rêver de choses qui sont à la frontière du possible et de l'impossible, dans ce domaine à demi réel où les esprits comme le sien réussissent quelquefois à faire des découvertes.

Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 131.

♦ (XX^e). Math. L'ensemble des éléments délimitant un domaine.

♦ Ling. || Frontière de mot, de phrase : symbole signalant la limite entre deux mots, deux phrases (et représenté par \#). || Frontière de morphème (représentée par +).

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CONTR. Centre, intérieur, milieu.

Encyclopédie Universelle. 2012.